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Aliments ultra-transformés : le danger invisible pour votre santé et votre fertilité

Aliments ultra-transformés : le danger invisible pour votre santé et votre fertilité

Les aliments ultra-transformés sont généralement considérés comme néfastes pour la santé. Leur consommation excessive est liée à des risques tels que l’obésité, le diabète de type 2, les troubles cardiaques et des problèmes métaboliques. Certaines études ont également suggéré un lien avec une augmentation de l’infertilité chez les hommes.

Cependant, dans un article publié le 27 octobre dans The Conversation, Beverley O’Hara, maître de conférences en nutrition à l’Université Leeds Beckett, met en garde contre la diabolisation de ces aliments. Selon elle, une telle approche peut être contre-productive. Elle peut pousser les individus à ignorer complètement les messages de santé, à ressentir de la culpabilité ou de l’anxiété, et à développer des troubles du comportement alimentaire. Elle souligne également que cette stigmatisation touche souvent les personnes à faibles revenus, qui ont plus tendance à consommer ce qu’on qualifie de « malbouffe ».

Un terme de plus en plus flou

Actuellement, le terme « ultra-transformés » est de plus en plus dévalorisé, dénonce Beverley O’Hara. Elle explique qu’il s’agit désormais d’une expression vague, souvent utilisée pour soutenir des points de vue idéologiques sur nos systèmes alimentaires, plutôt que comme une catégorie scientifique précise. Cela complique la recherche sur le sujet.

Une image morale des aliments

Autrefois, le terme devait aider à mieux comprendre certains aliments. Aujourd’hui, il sert plutôt à faire un « classement moral » des aliments, regrette l’experte. Selon elle, ce terme a été réinterprété comme un raccourci pour juger ce qui est « bon » ou « mauvais » à manger.

Nous savons qu’il est important de consommer quotidiennement des fruits et des légumes, tout en limitant le sel, le sucre et les graisses saturées. Mais parler sans arrêt d’« ultra-transformés » ne fait souvent que détourner l’attention des véritables enjeux, comme les problèmes structurels liés à l’alimentation, s’inquiète Beverley O’Hara.

Elle ajoute que le discours anti-ultra-transformés peut sembler séduisant, car il offre des réponses simples dans un monde complexe. Mais il peut aussi rendre le public vulnérable à la désinformation. Par exemple, traiter le sucre comme un « poison » peut encourager la peur et la méfiance envers la science et les médias.

Une industrie alimentaire mal vue

Selon l’experte, l’industrie alimentaire est souvent perçue comme le « mal » de l’alimentation moderne. Elle est accusée de créer des aliments « addictifs » et « dangereux » pour nuire aux consommateurs. Pourtant, ces industries jouent aussi un rôle dans le développement d’alternatives plus durables et saines, notamment pour remplacer les protéines animales, dont la consommation est très élevée aujourd’hui.

Elle insiste : faire peur à propos de la transformation des aliments freine ces innovations et complique la lutte contre les défis mondiaux liés à la nutrition et au climat.

Les choix alimentaires ne dépendent pas uniquement des préférences personnelles. Ils sont aussi influencés par le contexte social, économique, ou encore la santé, les allergies et les intolérances. Par exemple, il est injuste de reprocher à un parent célibataire, qui doit jongler avec deux emplois, ses choix alimentaires pour ses enfants.

Une communication responsable en santé publique

Pour Beverley O’Hara, il est crucial que ceux qui parlent de nutrition soient qualifiés et crédibles. Ils doivent fournir des conseils responsables, précis et équilibrés. La manière dont on communique sur l’alimentation influence l’opinion publique, les politiques de santé et l’avenir de nos systèmes alimentaires.

Elle recommande de réduire l’usage du terme « ultra-transformés ». Selon elle, cette étiquette n’aide plus à faire de meilleurs choix. Elle peut même transformer des débats essentiels sur la santé et l’équité en véritables luttes culturelles. Pour construire un système alimentaire plus sain et plus juste, il faut privilégier les preuves, l’éducation et l’équité plutôt que les slogans accrocheurs.

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