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Aliments ultratransformés : un danger croissant en France et aux États-Unis

Aliments ultratransformés : un danger croissant en France et aux États-Unis

Les aliments ultratransformés en France et aux États-Unis

En France, les aliments ultratransformés représentent environ 35 % de l’apport calorique des consommateurs. Aux États-Unis, cette proportion atteint jusqu’à 60 %. Selon la classification NOVA, ces produits subissent d’importantes transformations biologiques, chimiques ou physiques. Ils contiennent aussi des ingrédients industriels rarement utilisés dans la cuisine traditionnelle, destinés à modifier la texture, le goût ou l’apparence.

Un constat alarmant par des chercheurs internationaux

Dans trois articles publiés dans The Lancet, 43 chercheurs du monde entier alertent sur les dangers liés à ces aliments. Ils montrent que les régimes riches en aliments ultratransformés sont associés à une surconsommation calorique, une faible qualité nutritionnelle, ainsi qu’à une exposition accrue à des additifs ou contaminants issus des procédés de transformation ou des emballages.

Les risques pour la santé

Une revue systématique analysant 104 études à long terme indique que 92 d’entre elles relèvent une incidence plus élevée d’au moins une maladie chronique chez les consommateurs réguliers d’aliments ultratransformés. Les résultats montrent des liens significatifs avec l’obésité, le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, la dépression, ou encore la mortalité prématurée.

Une conception pensée pour favoriser la consommation

Les chercheurs soulignent que le succès des aliments ultratransformés ne réside pas uniquement dans leur composition, mais aussi dans leur conception. Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm, explique que « tout est fait pour que ces aliments soient consommés, voire surconsommés ». Riche en sucre, sel, arômes et additifs, ils sont formulés pour attirer par leur goût, leur texture et leur apparence.

Certaines études, notamment celles de la scientifique américaine Ashley Gerhard, suggèrent même que ces produits pourraient avoir un potentiel addictif, évalué selon des échelles similaires à celles utilisées pour l’alcool ou le tabac.

Un marketing omniprésent et influence sur les jeunes

Le marketing joue un rôle clé dans leur popularité. Une étude menée avec Santé publique France montre que plus de la moitié des publicités ciblant les enfants concernent des aliments classés D ou E au Nutri-Score, souvent ultratransformés. Les campagnes publicitaires incitent à la consommation en posant la question : « Arriverez-vous à n’en manger qu’un ? »

Avec un chiffre d’affaires mondial de 1 900 milliards de dollars, l’industrie des aliments ultratransformés est aujourd’hui la plus rentable du secteur alimentaire, ce qui lui donne d’importants moyens d’influence et de communication.

Vers des politiques publiques plus strictes

Face à ces enjeux, les experts appellent à une transformation en profondeur du système alimentaire. La série d’articles dans The Lancet propose plusieurs mesures pour réduire la production, la commercialisation et la consommation d’aliments ultratransformés.

Parmi ces propositions figurent un étiquetage clair, l’interdiction des AUT dans les écoles, hôpitaux et autres institutions publiques, ainsi que des restrictions renforcées sur la publicité. Il s’agit également de limiter leur place dans les rayons et de mettre en place des mesures pour réduire les conflits d’intérêt dans la recherche et le marketing alimentaire.

Les stratégies de l’industrie pour contourner la réglementation

Le dernier article de la série met en lumière les stratégies déployées par certains industriels pour échapper aux réglementations, influencer la recherche ou manipuler l’opinion publique. Ces méthodes sont parfois comparées à celles de l’industrie du tabac.

Selon Melissa Mialon, il est urgent de mettre en place une réponse mondiale audacieuse et coordonnée pour instaurer des systèmes alimentaires qui priorisent la santé et le bien-être des populations.

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